Je vis en négritude
Dans un monde de blancs,
Je vends mes inquiétudes
Dans un monde d'argent,
Heureux comm' d'habitude
Dans un monde de sang,
Je suis en solitude
Dans un troupeau de gens:
Si je suis un voyeur
C'est que le monde est clos,
Et je suis un voleur
D'avoir ce qu'il me faut,
Et je suis un menteur
Quand je pèse mes mots,
Je suis lâche et j'ai peur
De devenir idiot,
Pourtant faut vivre (bis)
mais je n'y crois pas trop,
Je prends ça comm' ça vient,
Mais je n'y crois pas trop
Sinon gare au chagrin!
J'ai si mal à mes mains
Qui ne se tendent pas,
J'ai si mal à tes poings
Qui se tendent déjà,
Mal à l'humanité,
Mal aux temps que voilà,
J'ai mal à l'amitié,
Mal à vous, mal à moi;
J'ai mal à mes désirs,
J'ai mal à mes émois,
J'ai mal à mon plaisir,
A ton plaisir à toi
J'ai si mal aux amours
Que je n'oserai pas,
Oui, mal à mes amours,
Mal à ma mort déjà...
Pourtant je chante (bis)
Mais n'y croyez pas trop,
Prenez ça comm' ça vient,
Mais n'y croyez pas trop
Sinon gare au chagrin!
J'écris des mots obscurs,
J'écris des mots absents,
J'écris des mots qui eurent
Un sens en d'autres temps,
Des mots qui se figurent
Qu'ils franchiront le temps,
De pauvres mots qui durent
Ce que dure le vent:
Un jour j'inventerai
Des mots chair, des mots sang,
Un jour j’enfanterai comme des oiseaux blancs,
Des mots pour t’envoler
Là-bas où l’on attend
Des mots bons à croquer
Comme des joues d’enfants ;
Un jour j’aurai des mots
qui respireront fort
Un jour, quand je dirai
Ton nom tu prendras corps
Un jour je banderai
un cri contre la mort
Alors je te ferai l’amour d’entre les morts
Pour que tu vives (bis)
Mais tu n’y crois pas trop,
Tu prends ça comm’ ça vient
Mais tu n’y crois pas trop,
Nom de Dieu, quel chagrin !
pour le découvrir : http://bernardhaillant.free.fr/ flèche verte de la première et deuxième interview sur la page documents
